« J’ai des inquiétudes sur l’avenir de notre service.» ; « A quoi bon faire un entretien annuel, ce sont toujours les mêmes qui ont une augmentation ! » ; « Je ne supporte plus ces réunions, je n’arrive jamais à prendre la parole. »
Ces verbatims vous parlent ?
Nous les entendons régulièrement dans nos milieux professionnels. Derrières ces phrases, se cachent des émotions : la colère, la frustration, la peur, le sentiment d’injustice, la joie, etc.
Dans cet article, je vous propose de découvrir les émotions et leur importance en milieu professionnel.
Qu’est-ce qu’une émotion ?
Emotion vient du mot latin « emovere ». « e » exprime l’extérieur, « movere » le fait de se mouvoir.
L’émotion est, ainsi, l’expression visible d’un déséquilibre ressenti intérieurement. Elle nous met en mouvement, elle libère les tensions intérieures pour rétablir un état d’équilibre. Elle fonctionne comme un signal.
Perception de la réalité et génèse de l’émotion
Nous percevons les situations et leur donnons un sens par rapports à nos propres filtres (tels que des croyances, valeurs). Ce sens donné nous fait ressentir une émotion qui va nous mettre en action.
Illustrons cela par un exemple :
- La situation :
Le directeur d’un cabinet de conseils aux entreprises propose à 2 chefs de projets de se lancer dans la mise en œuvre d’une nouvelle solution informatique.
- Réaction du premier chef de projets :
Sa perception, le sens qu’il donne à la situation : Il perçoit ce nouveau projet positivement, comme une opportunité de monter en compétences et d’élargir son panel d’interventions.
L’émotion générée : Il ressent une forte excitation (de la joie) à l’idée de se lancer dans un nouveau challenge.
L’action qui en découle : Le chef de projets va de l’avant et fait savoir au directeur qu’il est prêt à s’investir dans cette nouvelle mission.
- Réaction du second chef de projets :
Sa perception, le sens qu’il donne à la situation : Il perçoit ce nouveau projet négativement, l’interprète comme un moyen de la direction de tester ses collaborateurs et de trouver, indirectement, une raison de ne pas les promouvoir.
L’émotion générée : Il se sent en danger (peur) et craint de stagner dans son rôle de chef de projets, se fermant à des possibilités d’évolution vers des postes plus élevés hiérarchiquement.
L’action qui en découle : Le chef de projets fuit. Il ne prend pas de risque et fait savoir sa décision au directeur.
Devant une même situation, nous avons notre vision de notre réalité, nous éprouvons des émotions qui peuvent différer, réagissons et agissons de manière différente.
Intéressons-nous aux 4 émotions de base que sont : la colère, la peur, la tristesse, la joie.
Les 4 émotions de base : des besoins à satisfaire
Les émotions nous mettent en mouvement. Elles nous parlent également de nos besoins satisfaits ou non.
La Colère
La colère signale que quelque chose ne nous convient pas et met en évidence un besoin de changement.
En entreprise, le collaborateur ressentira de l’injustice, de l’irrespect, de l’agacement. Attention, ces sentiments seront issus de sa perception d’une situation, l’injustice, l’irrespects pourront être réels ou imaginés.
« C’est toujours à moi que revient le fait de traiter les cas difficiles ! » ; « Pourquoi la crise sanitaire touche autant notre business ? » ; « Les allocations de budgets ne commencent jamais par mon service ! »
La colère n’est pas une ‘mauvaise émotion’. C’est un signal à écouter, accueillir et analyser. Résister à la colère favorisera son amplification, prolongera son effet, pourra aboutir à un effet ‘cocotte–minute’ ou une ‘implosion’. La colère peut également être source d’énergie et permettre d’aller de l’avant.
La Peur
La peur indique un danger, une menace, réels ou imaginaires. Derrière la peur se trouve un besoin d’être rassuré.
« Si je rougis en CODIR, mes collègues vont croire que je ne suis pas à l’aise et décrédibiliseront ma présentation. » ; « Si je partage mes inquiétudes quant au budget du projet, mes supérieurs vont me dire que je suis incompétent(e). » ; « Je ne me sens pas à la hauteur pour la soutenance de notre offre commerciale. »
Face à un sentiment de peur, un collaborateur pourra présenter différents types de réactions :
- La paralysie. Exemple : le cadre expert aura de bonnes idées mais n’osera pas les partager lors des comités de pilotage.
- La fuite. Exemple : un salarié préfèrera démissionner plutôt que d’exprimer ses points de désaccord avec son manager.
- La défense. Exemple : se croyant en danger, un collaborateur prendra automatiquement une posture de contre-attaque.
La Tristesse
La tristesse vient du sentiment, avéré ou imaginaire, d’une perte, d’un manque, d’une absence, l’idée de quelque chose qui ne sera plus jamais comme avant. Elle répond à un besoin de réconfort et d’attention.
« Suite à la crise du corona virus, nous ne pourrons plus travailler comme avant…» ; « Les efforts que j’ai fournis n’ont pas été reconnus par l’entreprise. » ; « Mes collègues ne prêtent pas attention à ce que je dis en réunion. »
La tristesse, non accueillie par la personne qui la ressent, non reconnue par autrui, pourra conduire à une démotivation, une perte d’énergie, l’incapacité de se projeter dans l’avenir.
La Joie
La joie renvoie à un sentiment de perfection, de plénitude, d’être dans un espace où tout est parfait, exceptionnel. Derrière la joie, nous retrouverons un besoin de partage.
Ressentir ou générer de la joie au travail pourra être un vecteur de motivation, de fédération des équipes, favorisera le sentiment de reconnaissance, sera source d’énergie pour se lancer dans de nouveaux challenges et voir le futur positivement.
Ainsi, il sera intéressant de s’appliquer à célébrer les moments de réussite d’une équipe afin de renforcer la cohésion et la collaboration des membres qui la constituent.
Les émotions sont un signal qui nous prévient qu’il se passe quelque chose d’important, d’impactant. Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises.
Source d’énergie, elles contribuent à la mise en mouvement, à nourrir une dynamique de projet, à faire collaborer des personnes qui s’acceptent et se comprennent mieux. Ainsi, bien identifiées et exploitées à bon escient, elles constituent un moteur, un levier de développement professionnel.